Cet article propose une présentation analytique et esthétique de l’une des œuvres-clés de Maurice Ohana (1913-1992). Tombeau de Claude Debussy est, au début des années 1960, la composition dans laquelle se cristallisent des formes d’écritures qui définissent la signature sonore du compositeur. Corrélativement, la figure de Debussy s’affirme en tant que « père spirituel », et c’est en élaborant certaines potentialités laissées à l’état latent par le maître français qu’Ohana construit sa propre identité stylistique, dont le Tombeau en 1962 et les 12 Études d’interprétation vingt ans plus tard déclinent avec le plus d’évidence cette filiation. Après avoir replacé l’œuvre dans son contexte, cette introduction analytique l’aborde sous l’angle de ses types d’écriture et de son instrumentation, avant d’en examiner les principes formels et le tissu intertextuel, et d’aborder la question de l’énergie et du geste.