LABUSSIÈRE, ANNIE, THE PERSISTENCE OF MODAL FEELING IN THE ORGANISATION OF TRADITIONAL UNACCOMPANIED SONG, MUSURGIA, 31/2 (2024)

Auteur: Labussière, Annie
Titre: The persistence of modal feeling in the organisation of traditional unaccompanied song
Pagination: p. 75-92
Langue de l’article: Anglais
Résumé français: 

On se propose ici d’envisager l’analyse mélodique à partir de l’écoute et de la transcription de chants traditionnels exécutés à voix nue, c’est-à-dire sans aucun soutien harmonique ou polyphonique de nature vocale ou instrumentale. On s’est forgé un premier outil analytique à partir de l’hypothèse d’une structuration hiérarchique du cycle des quintes. Le système ainsi créé s’accompagne d’un certain nombre de contraintes qui viennent guider les choix de transcription et permettent de dégager, dans le processus mélodique, la présence d’une gestuelle, c’est-à-dire d’une organisation temporelle du schème mélodique à partir des accents de levée ou d’appui. À l’écoute de quelques exemples sonores choisis dans différentes cultures, on s’attachera à mettre en évidence le rôle de cette gestuelle en regard de la structure. En effet, c’est par le geste mélodique que, dans un grand nombre de cas, se fait pressentir et s’affirme le choix d’une finale modale. Ce degré privilégié prend alors un sens et un poids structurel que ne lui concédait pas sa position hiérarchique dans l’échelle de référence. Les critères ainsi définis se démarquent entièrement de la théorie modale traditionnelle, trop souvent encore assujettie aux notions de « modes naturels », « octave modale », « absence de sensible », etc. Le chant traditionnel, véhiculé par la seule énergie vocale du locuteur, fait la preuve, dans la durée, d’une force organisationnelle essentiellement mélodique et modale, d’autant plus étonnante que les actuels moyens de diffusion de la musique dite populaire semblent mettre tout en œuvre pour l’anéantir.