L’article se donne pour but d’analyser comme un corpus homogène les six opéras créés durant les deux saisons lyriques de l’Académie royale de musique de Paris, 1735-1736 et 1736-1737, en cherchant à mettre en lumière davantage les points communs que les différences. Il s’agit de deux ballets, Les Voyages de l’Amour de J. Bodin de Boismortier et Les Génies de Mlle Duval ; trois ballets héroïques, Les Grâces de J.-J. Mouret, Les Romans de J.-B. Niel et Les Indes galantes de J.-Ph. Rameau ; et d’une tragédie en musique, Scanderberg, de F. Rebel et F. Francœur. Ce corpus est abordé sous l’angle de l’intertextualité, intra-générique d’une part (sommeils, tempêtes, char tiré par des dragons, génies élémentaires), en relation avec l’actualité politique (guerre de Succession de Pologne) d’autre part. La structure générale des opéras est analysée à l’aide de l’outil de Rémy-Michel Trotier : l’architecture harmonique. L’influence du style italien est pensée en termes de « marqueurs d’italianité », d’italianisme comme artéfact et de transferts culturels.